VI

 

Byr se tenait sur la plate-forme de pierre circulaire au sommet de la tour, d’où il contemplait l’océan où deux rayons de lune traçaient d’étroites lignes argentées à la surface de l’eau houleuse. Derrière elle, le dôme de cristal était plongé dans l’obscurité. Elle était allée se coucher en même temps que Dajeil, qui accusait vite la fatigue depuis quelques jours. Elles s’étaient excusées, puis avaient laissé les autres se débrouiller tout seuls. Kran, Aist et Tulyi étaient tous des amis de l’UCG Conduite Inacceptable, un autre des vaisseaux-filles de Confiance Tranquille. Ils connaissaient Dajeil depuis vingt ans ; ils avaient tous les trois séjourné à bord de Confiance Tranquille quatre ans plus tôt et faisaient partie des dernières personnes que Byr et Dajeil avaient vues avant leur départ pour Telaturier.

Conduite Inacceptable traversait ce volume et s’était laissé persuader de leur permettre de séjourner quelque temps avec leur vieille amie.

Les lunes faisaient miroiter leur lumière dérobée sur les flots agités, et Byr était perdue dans ses méditations. Elle avait endocriné un peu de diffus et se disait que le V de lumière convergeant, où qu’il se trouve, sur l’observateur, encourageait une sorte d’égocentrisme, une idée trop romantique de sa propre centralité par rapport aux choses, une confiance illusoire en sa propre importance. Elle se souvenait de la première fois où elle avait eu cette pensée, à cet endroit même, quand elle était un homme, peu après son arrivée ici avec Dajeil.

C’était la première nuit où Dajeil et lui avaient finalement, après tous ces atermoiements, couché ensemble. Il était venu là après, au milieu de la nuit, pendant qu’elle dormait, et il avait contemplé la mer. Elle était presque calme, pour une fois, et les sillons des lunes, quand ils montaient (et il avait l’impression qu’ils ne montaient ou ne descendaient que pour lui), miroitaient lentement sur les flots immobiles.

Il s’était demandé alors s’il n’avait pas commis une terrible erreur. Une partie de son esprit en était convaincue tandis que l’autre, qui prétendait occuper les hautes terres morales de la maturité, l’assurait qu’il n’avait jamais pris de meilleure décision dans sa vie, et que cela signifiait qu’il était enfin en train de devenir adulte. Il avait décidé, cette nuit-là, que, même si c’était une erreur, cela n’avait pas d’importance, car il pouvait affronter cette erreur, la saisir à pleines mains et en accepter les résultats ; la seule manière de préserver son amour-propre était de le mettre de côté pendant toute la durée des opérations et d’assumer le reste. Cela allait marcher, il allait accomplir cette tâche et se montrer irréprochable dans le sacrifice qu’il faisait à Dajeil de ses propres intérêts. Sa récompense, c’était qu’elle n’avait jamais semblé si heureuse et que, pour la première fois ou presque, il se sentait à l’origine du plaisir de quelqu’un à une échéance autre qu’immédiate.

Lorsque, des mois plus tard, elle avait suggéré qu’ils aient un enfant, puis, encore plus tard, alors qu’ils n’avaient pas encore pris de décision, de réciproquer – car ils avaient le temps et les liens nécessaires –, il avait réagi avec des débordements d’enthousiasme, comme si, en affirmant bruyamment son approbation, il pouvait noyer les doutes qui l’habitaient.

— Byr ?

La voix douce venait de la rotonde qui donnait accès, par une série de marches, à la terrasse.

Elle se retourna.

— Salut, fit-elle.

— Salut. Tu ne dors pas non plus ?

C’était Aist. Elle rejoignit Byr devant le parapet. Elle portait un pyjama sombre, et ses pieds nus produisaient sur les dalles un bruit à peine audible.

— Non, fit Byr.

Elle n’avait pas besoin de beaucoup de sommeil. Elle était souvent seule, en ce moment, pendant que Dajeil dormait ou restait de longues heures en transe, assise en tailleur sur le sol, ou encore s’occupait de décorer la chambre d’enfants qu’elles avaient préparée pour leurs bébés.

— J’ai des insomnies, expliqua Aist.

Elle croisa les bras sous ses seins et se pencha par-dessus le parapet, la tête et les épaules dans le vide. Elle cracha délibérément ; la petite goutte de salive tomba, tache blanche illuminée par le clair des lunes, pour disparaître dans l’ombre de la base de la tour. Elle se laissa retomber en arrière sur ses talons et écarta de ses yeux une mèche de sa chevelure brune mi-longue tout en étudiant Byr, un léger pli en travers du front. Elle secoua la tête.

— Tu sais, dit-elle, je n’aurais jamais cru qu’une chose pareille pourrait t’arriver. Changer de sexe et avoir un bébé !

— Moi non plus, murmura Byr en se penchant sur le parapet pour regarder la mer au loin. Je n’arrive toujours pas à y croire, à certains moments.

Aist se pencha près d’elle.

— Tout va bien quand même ? Tu es heureuse ?

Byr lui lança un étrange regard.

— Ça ne se voit pas ?

Aist demeura un instant silencieuse. Puis elle murmura :

— Dajeil t’aime profondément. Je la connais depuis vingt ans. Elle a totalement changé, elle aussi. Il n’y a pas que toi. Elle a toujours été très indépendante. Jamais elle n’a exprimé le désir d’être mère ni de s’établir avec un homme pour une période de temps prolongée. Pas avant d’être vieille, en tout cas. Tous les deux, vous vous êtes mutuellement beaucoup changés. C’est… très impressionnant. Effrayant, presque. Admirable, aussi. Tu vois ce que je veux dire ?

— Bien sûr.

Il y eut un nouveau silence.

— À quel moment auras-tu ton bébé ? reprit Aist. Combien de temps après… Ren, je crois ?

— Ren, c’est ça. Je ne sais pas. On verra plus tard. (Byr eut un petit rire qui ressemblait plutôt à un toussotement.) Nous attendrons peut-être que Ren soit assez grand pour s’en occuper avec nous.

Aist émit un rire ténu qui ressemblait à celui de Byr. Elle se pencha de nouveau contre le parapet, soulevant les talons, pivotant à l’aide des coudes sur ses bras croisés.

— C’est comment, ici, loin de tout le monde ? demanda-t-elle. Vous avez quelques visiteurs ?

Byr secoua la tête.

— Très peu. Vous êtes le troisième groupe à venir nous voir depuis le début.

— On doit se sentir seul. Je sais bien que vous vous plaisez ensemble, mais…

— Les ’Ktik sont amusants. Ce sont des personnes, des individus. J’ai dû en rencontrer des milliers, déjà. Il y en a vingt ou trente millions en tout. La planète ne manque pas de compagnie.

Aist gloussa.

— Tu crois qu’on peut tirer un coup avec eux ?

Byr lui lança un regard de côté.

— Jamais essayé. Ça m’étonnerait.

— On peut dire que tu étais une flèche, Byr. Je me souviendrai toujours de notre première rencontre, à bord du Tranquille. Je n’avais jamais connu quelqu’un de si pointu. (Elle éclata de rire.) Une vraie force de la nature ! Pour tout ! Un séisme ! Un raz de marée !

— Ce sont des catastrophes naturelles, fit remarquer Byr avec une froideur calculée.

— C’est à peu près ça, oui.

Elle eut un petit rire presque tendre en se tournant lentement vers l’autre femme pour la regarder avec ironie.

— Si je m’étais attardée dans le coin, je suppose que j’aurais été dans ta ligne de mire.

— La chose n’aurait pas été impossible, fit Byr d’une voix lasse et résignée.

— Tout aurait pu se passer très différemment, dit Aist.

Byr hocha la tête.

— Ou tout aurait pu revenir au même.

— Ne prends pas cette voix pour le dire. Ça ne m’aurait pas dérangée.

Elle se pencha de nouveau par-dessus le parapet et cracha délicatement de nouveau, expédiant la salive d’un léger mouvement de tête. Cette fois, la salive tomba sur l’allée de gravier qui encerclait la base de la tour. Elle laissa entendre un murmure approbateur et se tourna vers Byr en s’essuyant le menton avec un sourire.

— Ce n’est pas juste, murmura-t-elle. Tu me plais toujours, quel que soit ton aspect physique.

Elle tendit, lentement, la main vers sa joue. Byr plongea son regard dans ses grands yeux noirs.

L’une des deux lunes commençait à disparaître derrière un ruban effrangé de nuages d’altitude et une petite brise se leva, dans une odeur de pluie.

Un simple test, pour son amie, se dit Byr tandis que les doigts effilés de l’autre femme lui caressaient doucement le visage avec la légèreté d’une plume. Mais ils étaient frémissants. C’est un test. Elle est décidée à le mener jusqu’au bout, et ça la rend nerveuse.

Byr leva la main à la rencontre des doigts de la femme, qui prit cela comme un signe pour l’embrasser.

Un moment plus tard, Byr murmura :

— Écoute, Aist…

Puis elle commença à s’éloigner.

— Hé ! lui dit Aist d’une voix très douce. Ne va pas croire que ça signifie quoi que ce soit, hein ? C’est juste du désir. Ça ne veut rien dire du tout.

Un peu plus tard encore, Byr murmura à son oreille :

— Pourquoi faisons-nous ça ?

— Et pourquoi pas ? souffla Aist.

Byr avait en tête plusieurs raisons, endormies dans l’obscurité des murs de pierre au-dessous d’elles.

J’ai beaucoup changé, se dit-elle. Mais pas tant que ça, en fin de compte.

Excession
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